La besace de la motivation   22 mars 2010

Chacun de nous porte à son côté une étrange besace, invisible mais bien réelle. C’est une sorte d’estomac psychologique qu’il nous faut remplir sous peine de s’étioler, déprimer, se démotiver, etc.

La théorie dit que l’on peut remplir une besace de quatre façons : avec la reconnaissance pour ce que nous faisons, soit positive (« superbe travail, cher Jean-Paul ! »), soit négative (« pas fameux votre rapport, M. Dupont… ») ; ou avec la reconnaissance pour qui nous sommes, positive (« Sylvie, vous êtes une fille fan-tas-ti-que ») ou négative (« M. Duchemolle, vous êtes définitivement stupide »). Cette dernière a des effets ravageurs, elle est le poison des relations.

La pratique confirme la théorie. Il faut remplir la besace. Comme il est plus facile de recevoir des critiques que des félicitations, un phénomène curieux se produit : si on ne sait pas remplir sa besace en positif, nous nous débrouillons pour la remplir en négatif en développant à cet effet des stratégies inconscientes et souvent de longue haleine.

La reconnaissance est un bien précieux que nous recherchons avidement. Certains l’ont bien compris : ils organisent la pénurie pour tirer profit du besoin de reconnaissance d’autrui. Par exemple, ils remplissent les besaces avec du simili pour que les autres, reconnaissants, acceptent de faire ce qu’ils ne feraient pas sans cela. C’est le B-A-BA des manipulateurs.

Certaines personnes ont une besace sélective qui a un trou au fond. Si on leur donne du positif, hop ! il file par le trou (« – Votre robe est superbe, Nathalie ! » «- Oh ce n’est pas grand-chose, je l’ai achetée au Prisunic »). Par contre, leur estomac psychologique conserve le négatif et le rumine.

L’ambiance d’un groupe est directement fonction de la nature, de l’importance et de la qualité des signes de reconnaissance par lesquels les membres se remplissent mutuellement leur besace. Tout patron, grand remplisseur de besaces (du moins nous l’espérons) doit impérativement disposer d’endroits où se ressourcer pour remplir la sienne.

Toute personne a besoin de remplir sa besace, qu’il soit ange ou démon. Les bourreaux eux aussi doivent remplir leur besace et se congratulent à cet effet (« Tu l’as vraiment bien torturé, chapeau ! »).

La réalité des besaces est universelle et incontournable.

François Delivré
Retrouvez François Delivré sur http://www.brefs.info

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Et vous, qu’en pensez-vous ?
Comment remplissez-vous la besace des gens qui vous entourent  ?
Comment remplissez-vous la votre ?

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Cette entrée a été publiée le lundi 22 mars2010 à 15 h 55 min, et rangée dans Management, Motivation. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via son flux RSS 2.0.Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un rétrolien depuis votre site.
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11 réponses

22 mars 2010 à 17 h 48 min
Costera écrit :

Excellent article.
A mon avis, pour réussir n’importe quelle entreprise, il faut trois choses:

-La motivation
-les connaissances
-L’ACTION

L’ACTION s’apprend. Il suffit de se mettre en mouvement. En déséquilibre positif.

Les connaissances s’acquièrent; c’est même souvent la partie la plus facile des trois.

Mais la motivation … c’est un concept qui glisse entre les doigts. Souvent du domaine de l’inconscient, voire du subconscient, et ce n’est pas pour rien que les publicitaires s’engouffrent dans cette brêche pour nous instiller une « fausse motivation » qui nous pousse à acheter n’importe quoi.

Je pense qu’une vraie « méthode » pour apprendre à se motiver et à garder la motivation intacte jour après jour – et surtout, pour les chefs d’entreprise, à motiver son équipe – serait quelque chose de très, très précieux. Un genre de chaînon manquant. la pièce qui permet de compléter le puzzle de la réussite.

Mais peut-être que cela existe déjà ?

22 mars 2010 à 17 h 49 min
Yves de Montbron écrit :

Merci Costera pour ce commenatire.
Se motiver et motiver les autres sont des fondamentaux parfois négligés par certains dirigeants.
Une « méthode » pour motiver ses collaborateurs est proposée dans le livre « Managez efficacement votre équipe, motivez durablement vos collaborateurs » disponible sur manager-motiver.com (un extrait gratuit est même offert !)

22 mars 2010 à 17 h 51 min
BERNARD HERVE 72 écrit :

Bonsoir,
je viens de lire votre article sur « la besace de la motivation » et je trouve que ce que vous avancez, peut se vérifier chaque jour, je dirais même que certains manipulateurs en usent un peu trop. Mais ce qu’il faut bien retenir, c’est que la besace de chacun est aussi celle que l’on sème, si nous ne sommes pas attentifs et que l’on reste sur ses acquis. En conséquence, pour que cette besace se remplisse de positifs, il faut réparer le trou afin de pouvoir évoluer.
Hervé BERNARD 72

22 mars 2010 à 17 h 53 min
Yves de Montbron écrit :

Merci Bernard Hervé 72 pour ce commentaire.
Eh oui, nous sommes les premiers responsables de notre motivation, notre engagement, notre réussite.
C’est à nous de remplir notre besace : un mot positif, un rayon de soleil, une micro-réussite, tout cela peut nous aider à avancer.

22 mars 2010 à 18 h 00 min
CLEMENT écrit :

La besace citée dans l’article constitue ce que l’on nomme « strokes » en analyse transactionnelle. Avec une règle simple pour fournir de l’énergie à son interlocuteur deux moyens : soit un stroke positif « merci pour la qualité de votre rapport » (exemple) ou un stroke négatif « cela fait deux jours que j’attends votre rapport, c’est inadmissible ».
Cependant pour obtenir le même niveau d’énergie la règle veut que 1 stroke positif = 10 strokes négatifs.
Aussi un conseil au manager, plutôt que de vous fatiguer à chercher la petite bète, faite simplement état de ce qui va bien.
De plus, cette règle explique la notion de harcèlement.

22 mars 2010 à 18 h 31 min
Yves de Montbron écrit :

Merci Clément pour ce commentaire.
Finalement, pour compenser une seule remarque négative, il faut offrir 10 compliments et valorisations positives !
De nombreux managers ont encore du chemin à parcourir…
Ils devraient lire « Managez efficacement votre équipe, motivez durablement vos collaborateurs »

23 mars 2010 à 6 h 49 min
francis écrit :

Bonjour,
je lis avec intérêt cet éclairage sur la motivation et les commentaires associés. La critique positive élève, mais peut dans un premier temps choquer et générer des réactions de défensive.
pour aller plus loin, j’ai expérimenté trois leviers simples (mais si rares) pour améliorer l’impact de la reconnaissance : l’authenticité, un lieu et un temps approprié et le choix de la confiance
-l’authenticité, soit un comportement constant et juste du manager: Le collaborateur qui reçoit régulièrement des feedbacks positif aussi bien que négatifs lève peu à peu ses défenses et finit par y croire (le trou de sa besace cicatrise). Il ne se sentira plus manipulé à l’expérience des faits. Ne formulez pas si vous ne le pensez pas, mais en revanche n’hésitez pas à programmer de féliciter untel dans telles circonstances. ne soyez pas avares de feedback positifs.
-Le choix du lieu et du moment: félicitez en public et recadrez en tête à tête, en manifestant votre intention de faire progresser l’autre.
-Le choix de la confiance, soit la capacité du manager à prendre le risque de confier une partie de ses responsabilités, et surtout d’en assumer la responsabilité. La confiance est contagieuse, mais se propage lentement dans l’organisation. Elle peut en outre constituer un véritable choc des cultures. la règle des 1/10 est également valable. Une seule marque de défiance détruit l’édifice de 10 témoignages de confiance.
merci Yves pour toutes ces réflexions utiles.

23 mars 2010 à 9 h 46 min
Yves de Montbron écrit :

Merci Francis pour ce commentaire.
La confiance, les félicitations, les reconnaissances positives sont les vrais moteurs du management.
Bien sûr, il faut aussi parfois recadrer (rappeler le cadre), mais c’est un autre sujet (abordé dans mon livre) et nous en reparlerons bientôt…

24 mars 2010 à 8 h 33 min
Florence Kazandjian écrit :

Tres bel article, Yves, qui éveille en moi 1000 images (et Pense-Bêtes(c) !)
Car la motivation est au coeur de la relation de management, et aborder ce sujet, c’est tirer 1000 fils de la pelote du manager :
– pour commencer, on ne motive pas quelqu’un, il se motive lui-même : mais c’est bien au manager de l’y aider ! Il a, pour ce faire, quantité d’outils, souvent ignorés, souvent mal utilisés, mais qu’il ne tient qu’à lui de ré-apprendre :
– le feed-back (nourir en retour) au sens large en est le principal : reconnaissance du travail accompli, des efforts fournis, des progrès réalisés, réaffirmation de la valeur de la personne, travail conjoint sur les pistes de progrès : voilà de quoi remplir la besace du collaborateur en positif !
– et comme l’a évoqué Francis, selon les moments : félicitation publique (« la remise de médaille » : voilà un outil de motivation rarement utilisé ! la félicitation EN PUBLIC véhicule pourtant un sentiment rare pour le collaborateur et dont il se souviendra LONGTEMPS), ou re-cadrage en privé (« Carton jaune ! » : un collaborateur recadré en public va se justifier, se braquer et ne pourra pas entendre votre message !), tout cela avec authenticité, justesse et équité
– dans la pratique pourtant, on se rend compte que les managers utilisent peu le feed-back positif et constructif, et que lorsqu’ils le font, les collaborateurs ont -dans un premier temps- tendance à mal le prendre ! A cela rien d’étonnant ! Pourquoi ? Parce que, lorsque tout va bien, on ne leur dit rien… et dès qu’une erreur est commise, le manager bondit ! Aussi, si en tant que manager, vous « bloquez » sur ce qui va mal, essayez de voir AUSSI et avant tout ce qui va bien, et PRENEZ VOS COLLABORATEURS EN FLAGRANT DELIT DE FAIRE… QUELQUE CHOSE DE BIEN !
– Enfin, attention au feed-back portant sur la personne elle-même : déjà délicat lorsqu’il est positif (risque d’étiquetage qui peut devenir un outil de manipulation pour serait « moyennement » bien intentionné : « Sylvie, vous êtes vraiment quelqu’un de généreux » ; Sylvie arrivera-t-elle à dire « NON » la prochaine fois qu’on voudra lui emprunter de l’argent ?), il devient, comme tu le dis Yves, un véritable poison s’il est négatif (« M. Duchemolle, vous êtes définitivement stupide ») ; personne ne peut être réduit à un comportement ! Tu n’es pas ce que tu fais ! Et faire quelque chose d’idiot ne fait pas de moi une idiote. Oui à l’homme, non au comportement…

24 mars 2010 à 11 h 15 min
Yves de Montbron écrit :

Merci Florence pour ce long commentaire très argumenté.
Il vient enrichir le débat entamé suite au billet « La besace de la motivation ».
Tu as raison d’insister sur la notion de « flagrant délit de réussite », qui nous est moins naturelle que son opposé.
Il n’est de richesse que d’homme.

24 mars 2012 à 9 h 04 min
baudouard écrit :

Bonjour,
43 ans, employée dans le secteur del’assurance j’ai repasser un BTS sur 3 ans pour bien m’imprégner du secteur dans lequel je travaille. Malgré cela Je suis devenue complètement démotivée car la charge de travail devient épuisante, toujours plus pour des salaires de base faibles, des primes lissées et non personnalisées, abstentéisme de mes collègues (démotivées et harcelées ar des conseillers qui pêtent les plombs à cause du stress et de la pression),absences non remplacées, pas de formation, plus de place pour la créativité, l’envie de se dépasser, continuer d’apprendre………je ne partage pas ces valeurs de travail, je ne me sent plus à ma place….je n’ai pas actuellement l’énergie pour chercher un autre travail…..mais j’y travaille pour ma survie….

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