Un Français sur cinq ne perçoit ni le sens, ni l’utilité de son emploi   7 mai 2019

À l’occasion de la Fête du Travail ce 1er mai, une étude sur le sens au travail réalisée par Kantar TNS pour Randstad révèle que 18% des Français ont le sentiment d’occuper un « bullshit job ».

Dans le monde du travail contemporain, certains postes, emplois, ou missions sont parfois difficiles à comprendre. Les actifs concernés, eux sont dubitatifs: à quoi sert réellement leur emploi ? Kantar TNS a réalisé une grande étude (10.000 actifs sondés) pour le compte de Randstad, consacrée au facteur «sens» du travail. Il en ressort un premier enseignement : près d’un Français sur cinq (18%) a le sentiment d’occuper un «bullshit job», que l’on peut traduire en français par «job à la con». Ce terme, popularisé par l’anthropologue américain David Graeber, désigne un emploi inutile, dont on ne perçoit pas le sens. Le second constat, conséquence directe du premier, est plus positif: face à un «bullshit job», les Français ne restent pas passifs !

Les actifs français regardent les choses en face : lorsqu’ils ont le sentiment que leur travail au quotidien n’a ni sens, ni utilité, ils savent se remettre en question. Une étape essentielle pour 43% des sondés. Comment redonner du sens à son activité professionnelle? Pour plus de deux Français sur dix (23%), le salut passe par la création de sa propre activité. Un chiffre qui n’est pas surprenant, tant l’entrepreneuriat s’est popularisé. Plus de deux créations d’entreprises sur cinq sont ainsi le fait de microentrepreneurs en 2018. Les entreprises sont également de plus en plus nombreuses à parler d’intrapreneuriat, qui encourage la prise d’initiative et le développement de projets en interne. Une bonne façon d’impliquer et de responsabiliser davantage ses collaborateurs.

«Le sens au travail est un déterminant essentiel dans l’emploi, et joue un rôle croissant pour attirer et surtout retenir les talents, observe François Béharel, président du groupe Randstad en France. En revanche, les actifs français ne sont prêts à sacrifier ni la sécurité de l’emploi ni le salaire pour redonner du sens à leurs missions. Dans ce contexte, l’acquisition de nouvelles compétences apparaît essentielle.»

Reconversion professionnelle et formation

Le changement ne passe pas que par la création de sa propre activité : 20% des sondés estiment qu’il est nécessaire de changer radicalement de métier. Dans une moindre mesure, les Français estiment qu’il est possible de retrouver du sens au travail en opérant des changements moins radicaux. Ils sont 13% à penser que les solutions peuvent se trouver en interne, dans la même entreprise. Pour 12% des sondés, la quête de sens peut être satisfaite en conservant le même type de poste… mais en changeant complètement de secteur. Enfin, un actif sur dix estime que le sens se trouve en changeant de type d’organisation (entreprise, ONG, secteur public, ou association…).

Pour retrouver du sens, les leviers les plus plébiscités – par la moitié des sondés – et les plus naturels sont la formation et la reconversion professionnelle. La mobilité géographique est un également un critère prédominant.
Dans cette étude, on apprend également que l’intérêt légitime des Français pour le sens de leur travail n’est pas un élément suffisant pour tout sacrifier, équlibre de vie, avantages liés au contrat de travail et aux conditions d’exercice de leur métier : seuls 28% des sondés sont prêts à renoncer à la sécurité de l’emploi et un quart à accepter des conditions de travail moins favorables.
Ce sont les compensations financières et la protection sociale que les salariés français sont le moins enclins à accepter des sacrifices. Ils ne sont que 22% à être prêt à accepter une couverture sociale (santé, chômage, retraite) plus faible et 20% à envisager de diminuer leur salaire pour retrouver un emploi perçu comme utile.

Ces derniers résultats et ces tendances témoignent de l’attachement des actifs au modèle social français dont la protection semble plus importante à leurs yeux que le sens au travail. En d’autres termes, un actif préfère toujours un emploi en CDI, bien payé, avec des avantages, mais sans sens au quotidien, plutôt qu’un emploi moins bien payé, moins confortable, mais qui a du sens.

Quentin Périnel
Source : http://www.lefigaro.fr/decideurs/emploi/un-francais-sur-cinq-ne-percoit-ni-le-sens-ni-l-utilite-de-son-emploi-20190429

En tant que managers, cet article nous interpelle : comment donner du sens au travail ? comment donner à nos collaborateurs une claire vision de leur contribution personnelle à la performance de l’entreprise ? comment leur donner de la reconnaissance ? comment les impliquer davantage dans les décisions ?
C’est précisément notre mission, si l’on veut conserver la motivation et la fidélité de nos équipes.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Cette entrée a été publiée le mardi 7 mai2019 à 12 h 26 min, et rangée dans Management, Motivation. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via son flux RSS 2.0.Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un rétrolien depuis votre site.
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Une réponse

11 novembre 2019 à 8 h 40 min
Thomas Blanchard écrit :

Bonjour à vous.
Cet article est très intéressant et pose des questions essentielles à mon sens.
Je modérerais tout de même le propos sur la priorisation de l’emploi stable et du salaire sur le sens de son emploi. Le livre d’Yves Clot « le travail à cœur » montre que le sens a plus d’importance que le ressenti que l’on peut en avoir.
Pour répondre à la question, j’essaie, en ce moment, de travailler sur cette question avec mes équipes par le déploiement d’un management des appétences. Si cela vous intéresse, j’en ai fait une série d’articles sur mon blog.
En tout cas, merci à vous pour cet article.

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