Comment être heureux au boulot en 2017   30 janvier 2017

PincesOptEntre attentes des salariés et obligations des entreprises, le plaisir au travail est devenu un phénomène de société. Manager par le bien-être, c’est possible et c’est bon pour tout le monde !

« Lorsque je suis arrivé chez Armor comme directeur général, on m’avait prévenu : «Les pneus brûlent devant l’usine» », se souvient Hubert de Boisredon. A l’époque, en 2004, l’entreprise, spécialisée en technologies d’impression (1.800 salariés, dont 700 à Nantes), affiche un triste bilan. Chiffre d’affaires en berne, climat social dégradé, locaux délabrés et plusieurs de ses cadres en burn-out.

La cause ? Un patron tyrannique qui exploitait et maltraitait ses employés. « Lors de ma première réunion de direction, tout le monde se dévisageait. C’était la première fois que les cadres étaient invités à partager leurs idées. Jusque-là il leur était interdit de rapporter à leurs pairs ce que le patron leur avait dit en tête à tête. »

Pour redresser la barre, Hubert de Boisredon opte vite pour un management par le bien-être. Définition de valeurs communes, mise en place d’une cantine bio et d’une crèche, rénovation des bâtiments, création d’une université interne, expression libre… Douze ans plus tard, les résultats sont là : Armor est leader mondial des rubans d’impression pour étiquettes codes-barres et du recyclage des cartouches laser. Et les salariés ont le sourire…

L’épanouissement fait un carton

Ce patron n’a pas de recette miracle, mais une conviction : une entreprise dont les salariés vont mal court à la catastrophe. Le bien-être au travail mobilise depuis plus de dix ans psychologues, sociologues, médecins, écrivains et chefs d’entreprise.
On ne compte plus les ouvrages, tribunes, rapports qui dressent un état des lieux ou dénoncent la souffrance au travail et les bullshit jobs (« boulots à la con »), une expression imaginée en 2013 par l’anthropologue américain David Graeber. Le Bonheur au travail, un documentaire de Martin Meissonnier diffusé sur Arte début 2015, fait un carton sur le Web.

La gravité du phénomène du burn-out, et son cortège de suicides chez France Télécom et chez Renault entre 2006 et 2009, a amené les acteurs économiques à s’interroger sur les conditions de travail offertes aux salariés.

« Même la finance s’intéresse à la question, souligne Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza, think tank du bonheur citoyen. Le fonds d’investissement Sycomore a créé Happy @ Work, un portefeuille d’actions dont les titres sont sélectionnés en fonction de l’épanouissement des collaborateurs. »

Les entreprises sont d’autant plus poussées à agir qu’elles ont des obligations légales en matière de prévention du stress, du harcèlement moral et des risques psychosociaux (RPS). L’article L. 4121-1 du code du travail précise : « L’employeur prend les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale des travailleurs. » L’accord national interprofessionnel du 19 juin 2013 sur la qualité de vie au travail les engage également en ce sens.
Tous ces efforts n’ont pas été vains. Les enquêtes sur le terrain montrent en effet un progrès constant en matière de bien-être au travail. Selon l’observatoire Sociovision, 81% des salariés se déclarent satisfaits de leur job en 2016 (77% en 2008), 54% se sentent engagés (47% en 2010) et 65% considèrent qu’on encourage leurs initiatives (58% en 2008).

Le baromètre 2016 d’Edenred-Ipsos va dans le même sens : 76% des salariés estiment faire un travail intéressant, 71% savent pouvoir compter sur le soutien de leurs collègues, 66% ont du plaisir à venir travailler le matin.

Un bémol toutefois : la hiérarchie, jugée pas assez attentive à l’individu (considération, formation), ce qui donne un score de bien-être au travail de 67% seulement (71% dans le monde). Et les services de ressources humaines sont, en la matière, estimés « peu actifs » par 42% des sondés d’Edenred-Ipsos.

Il reste encore du chemin à parcourir ! Pour les managers, en première ligne sur ces questions, l’essentiel est de bien cerner quels sont les ingrédients du bonheur au travail.

Salarié heureux, employé efficace !

Pour Jacques Lecomte, docteur en psychologie, auteur des Entreprises humanistes (Les Arènes, 2016), ces ingrédients sont au nombre de trois : faire un métier qu’on aime et y trouver du plaisir et de la fierté ; avoir le sentiment d’être utile et constater l’impact positif de son travail ; avoir de bonnes relations aux autres dans un esprit de coopération entre pairs, mais aussi trouver bienveillance et considération auprès de son N +1.

Source : http://www.capital.fr/carriere-management/dossiers/et-si-votre-boulot-vous-rendait-heureux-1196794#

PS : Si vous souhaitez perfectionner votre management, téléchargez « Managez efficacement votre équipe, motivez durablement vos collaborateurs » de Philippe Gabilliet et Yves de Montbron.

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Cette entrée a été publiée le lundi 30 janvier2017 à 16 h 05 min, et rangée dans Management. Vous pouvez suivre les réponses à cette entrée via son flux RSS 2.0.Vous pouvez laisser un commentaire, ou faire un rétrolien depuis votre site.
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3 réponses

28 avril 2017 à 16 h 58 min
Raphael écrit :

Merci pour cet article instructif ! ?

7 mai 2017 à 12 h 49 min
Philippe écrit :

Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à miser sur le bien-être de leurs salariés pour améliorer leurs résultats et c’est un très bon choix. Aujourd’hui, il est possible de chiffrer l’impact de la qualité de vie au travail sur les résultats, et c’est bénéfique ! La productivité, la rentabilité et la satisfaction client augmentent considérablement.

2 mai 2018 à 0 h 25 min
Bourgeois écrit :

Osons rêver d’un monde où nous n’aurions plus besoin de nous acharner à faire reconnaître la performance heureuse. Un monde qui réconcilierait le chiffre et le désir des hommes et des femmes de nos organisations. Merci pour votre article !

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